Espagne
(en espagnol Toledo). Ville d'Espagne, capitale de Castille-La Manche, sur le Tage; 58391 habitants (Tolédans). Poteries. Damasquinage, célèbre manufacture d'armes. Primatie d'Espagne. Académie militaire. Centre touristique. / Les monts de Tolède, qui s'allongent au sud et séparent les bassins du Tage et du Guadiana, se prolongent vers l'est par la sierra de Guadalupe; 1447 m.
Histoire
On ne saurait préciser la date de fondation de la ville, qui est, sous le nom de (Toletum), mentionnée par Tite-Live. Prise par les Romains en 192 av. J.-C., elle devint un municipe pendant les trois premiers siècles de notre ère, et un important centre religieux lorsque le christianisme eut pénétré en Espagne.
À partir de l'an 400, elle fut le siège de dix-huit conciles. Au moment des invasions barbares, elle tomba aux mains des Alains, puis des Wisigoths qui, de 576 à 709, en firent la capitale d'un royaume qui englobait la Narbonnaise, et leur métropole spirituelle. À la suite de violentes dissentions (709-711), l'infant Rodrigo (Rodéric) fut porté sur le trône, mais une politique imprudente amena l'intervention musulmane. Tariq ibn Ziyad, vainqueur à la bataille du Guadalete (711), marcha sur Tolède et y installa un gouverneur avec une forte garnison. Pendant trois cents ans, Tolède allait faire partie de l'émirat puis du califat de Cordoue.
En 1012, le gouverneur délégué par le calife se souleva contre les Omeyyades. Tolède devint alors le centre d'un petit royaume indépendant (1035-1085), qui abrita une importante colonie juive. Le 25mai 1085, Tolède fut reconquise par le roi AlphonseV de León et Castille, et devint le poste avancé des royaumes chrétiens dans leurs luttes contre les Maures. À deux reprises, en 1197 puis en 1295, des armées musulmanes vinrent assiéger la ville, mais sans succès.
En 1212, Tolède servit de centre de ralliement aux armées de Castille, d'Aragon et de Navarre avant leur marche vers le Sud, où elles remportèrent la bataille de Las Navas de Tolosa qui marqua l'irrémédiable déclin de la puissance musulmane en Espagne. En 1479, les Rois Catholiques, Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille, étant venus à Tolède pour procéder à la fondation du couvent de San Juan de los Reyes, la reine y mit au monde l'infante Juana, la future Jeanne la Folle.
En 1485, le tribunal de l'Inquisition y dressa ses premiers bûchers, et la ville, qui avait déjà perdu sa population musulmane, se trouva rapidement dépeuplée de sa riche et laborieuse communauté juive, dont le départ entraîna un irrémédiable déclin économique et culturel.
Au XVIesiècle, Tolède devint, au début du règne de Charles Quint, le centre de l'agitation des Comuneros, défenseurs des franchises communales. Juan de Padilla, le chef de ce mouvement, qui s'étendit rapidement à presque tout le royaume, était un chevalier tolédan. Lorsqu'il eut succombé à la bataille de Villalar (23avril 1521), Tolède résista longtemps encore, soutenue par l'héroïque exemple de Maria Pacheco, sa veuve, jusqu'à la retraite de celle-ci au Portugal, après la reddition de la ville (1522). Tolède, qui était la résidence des rois de Castille depuis 1085, resta néanmoins la capitale de Charles Quint; mais, en 1560, PhilippeII l'abandonna et ransféra la capitale à Madrid. Tolède conserva cependant son titre de cité impériale et couronnée. En 1710, l'archiduc Charles d'Autriche songea à en faire de nouveau la capitale de l'Espagne, mais le triomphe de son rival, PhilippeV, fit avorter ce projet. Tolède fut occupée par les armées françaises de 1808 à 1813.
Au début de la guerre civile, 1760 nationalistes, retranchés dans l'Alcázar de Tolède, résistèrent pendant plus de deux mois (22 juillet-27 septembre 1936) aux assauts des républicains, avant que les troupes de Franco puissent venir les dégager.
Arts
Les remparts, qui comportent plusieurs portes (Puerta Vieja de Bisagra, IXe s., Puerta del Sol, XIVe s., etc.), sont d'époques différentes. L'église Cristo de la Luz est l'ancienne mosquée Bab al-Mardoum du Xe s.; Santa Eulalia et San Sebastián (éléments wisigothiques) sont de la même époque. Les églises Santiago del Arrabal, San Vicente, Cristo de la Vega, Santo Tomé (elle abrite le célèbre Enterrement du comte d'Orgaz du Greco) sont de style mudéjar. Les anciennes synagogues du Tránsito (XIVe s., superbe décoration mudéjare) et de Santa María la Blanca (XIIe-XIIIe s.) furent transformées en églises chrétiennes. La cathédrale, un des plus beaux monuments gothiques d'Espagne, est édifiée sur le site d'une église fondée au VIesiècle par le roi wisigoth ReccaredIer (586-601) et saint Eugène, premier évêque de Tolède; cette église primitive fut convertie en mosquée durant la domination musulmane.
Ce fut en 1227 que le roi saint Ferdinand jeta les fondations de la nouvelle cathédrale, dont la construction ne fut achevée qu'en 1493. Le premier architecte, Petrus Petri (Pedro Pérez), probablement un Français si l'on considère le caractère du monument, aurait dirigé pendant près de cinquante ans les travaux. l'architecture est du style gothique français le plus pur, mais elle suivit l'évolution générale que connut ce style au cours des siècles. (V. Tomé).
Parmi les autres monuments célèbres de la ville, citons aussi le monastère San Juan de los Reyes (XVe s.), l'hôpital de Santa Cruz (Renaissance), le musée du Greco et l'Alcázar, qui domine la ville.
Tolède : le pont fortifié de San Martin
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