(en grec Homêros). IXe siècle avant J.-C. (?).
Les Anciens attribuaient l'écriture de l'Iliade et de l'Odyssée à un Grec d'Asie Mineure nommé Homère, qui se serait exprimé en dialecte ionien. Selon Hérodote, il aurait vécu auIXe siècle avant J.-C., et sept villes (Chio, Smyrne, Colophon, notamment) se glorifiaient de l'avoir vu naître. On peut considérer comme un symbole la tradition qui fait de lui un aveugle: priver le père de la poésie du regard extérieur, n'est-ce pas le doter du regard intérieur, tourné vers le monde de l'esprit et de la beauté?
La question homérique
L'Iliade serait une œuvre de jeunesse,
l'Odyssée une œuvre de l'âge mûr. Mais on ne sait ni où ni quand naquit et
mourut Homère. Il semble seulement que le monde de l'Iliade soit plus ancien
encore que le monde évoqué par l'Odyssée, le VIIIe siècle et le début du VIIe
siècle avant J.-C. étant les périodes respectivement retenues pour la
composition des deux poèmes. Mais les modernes contestent que leur auteur ait
pu être unique et tiennent Homère pour un aède: à mi-chemin entre récitation et
création, il aurait combiné des thèmes préexistants.
La matière homérique
Transmise oralement, la «matière homérique»
constituerait ainsi la mémoire de quatre ou cinq siècles. En témoignent les formules,
les répétitions de vers, de groupes entiers de vers qui reviennent chaque fois
que la même situation se présente: défi, préparation d'un héros au combat,
repas, lever du jour, tombée de la nuit. Des épithètes de qualité, des
expressions récurrentes tissent le texte, d'«Achille aux pieds légers» et
d'«Ulysse aux mille tours» à «Nausicaa aux bras blancs» et à «la déesse aux
yeux pers», Athéna. Autant de moyens pour mémoriser des milliers de vers, tout
en adaptant et même en inventant, sans doute à partir d'une tradition épique
antérieure: autrement dit, l'Iliade et l'Odyssée ne sont pas sorties de la
seule imagination d'Homère, même si leur composition et leur unité ont permis
de supposer qu'un auteur unique les avait construites. C'est ainsi que la
«question homérique» a divisé les «unitaires», partisans de l'hypothèse d'un
seul créateur, et les «analystes», qui soutiennent au contraire que les deux
poèmes portent de nombreuses traces d'une élaboration prolongée sur plusieurs
années. Aujourd'hui, on admet que, même si l'épopée homérique possède un passé
multiple, il y a bien eu assimilation et élaboration lucide d'un seul aède.
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