La
naissance d'Abu Nuwas coïncide avec l'édification de la dynastie abbasside, qui
régna sur le monde arabe et musulman jusqu'au XIIIesiècle.
La poésie d'Abu Nuwas est un hymne à la
prospérité de Bagdad, cité des arts et des sciences. À l'époque où il vécut,
celle du calife Haroun el-Rachid, ce poète pouvait déclamer la poésie la plus
licencieuse et immorale sans craindre le courroux du sultan, qui l'avait pris
sous sa protection. Il récitait des vers à la gloire du vin et de l'ivresse, de
la beauté et de l'amour charnel, ridiculisant ceux qui interdisaient les
plaisirs de la vie terrestre et affirmant que l'extase procurée par l'alcool et
la compagnie de jeunes nubiles et de beaux éphèbes est comparable à
l'exaltation religieuse. Il rejoint en cela la philosophie soufie qui se
développe à cette époque.
Bon nombre de ses vers (Khamriyyat) nous
sont parvenus grâce à la méticulosité des scribes de Bagdad, qui ont consigné,
sur ordre des souverains, le génie lyrique d'Abu Nuwas. On y retrouve la vie
des princes, les préoccupations politiques du moment, la cour et ses intrigues,
Bagdad, riche et prospère, mais surtout la douceur des soieries et des lèvres
des houris aux yeux de gazelle, le vin et encore le vin.
Après sa mort, l'imaginaire populaire se
saisira de la renommée de ce poète pour en faire le héros de pérégrinations
burlesques, un personnage futé et toujours prompt à dénoncer la cruauté d'un
souverain haï, l'avarice d'un riche commerçant et l'hypocrisie d'un faux dévot.
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