Afghanistan

Afghanistan

Afghanistan

1

PRÉSENTATION



Afghanistan : drapeau

© Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

Afghanistan, en pachto Afghānistān et en persan Afghānestān, pays d’Asie du Sud-Ouest. Sa capitale est Kaboul.

L’Afghanistan est bordé au nord par le Turkménistan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan, à l’extrême nord-est par la Chine, à l’est et au sud par le Pakistan, et à l’ouest par l’Iran.

2

LE PAYS ET SES RESSOURCES

 

2.1

Relief et hydrographie


Vallée de Bamyan (Afghanistan)

Plaines fertiles de la vallée de Bamyan, en Afghanistan central, où s'étend la ville du même nom, à 2 500 m d'altitude.

L.J. Oppenheim

La longueur maximale de l’Afghanistan est d’environ 1 450 km, et sa largeur d’environ 725 km. Sa superficie est de 652 225 km². C’est un pays essentiellement montagneux. Les basses terres ne dépassent pas 10 p. 100 de sa superficie ; elles correspondent aux vallées fluviales du Nord et à plusieurs plaines désertiques du Sud et du Sud-Ouest. Le reste du pays est formé par la montagne, 40 p. 100 des terres étant situées entre 1 500 et 2 000 m d’altitude.

L’Afghanistan est une région de convergence entre les chaînes turques, iraniennes et d’Asie centrale. Le principal massif montagneux du pays est l’Hindu Kush, qui, avec ses nombreuses ramifications, s’étend sur environ 965 km depuis le Pamir, au nord-est, jusqu’à la frontière iranienne à l’ouest. L’altitude moyenne de l’Hindu Kush, qui atteint 7 690 m au Tirich Mir, est d’environ 4 270 m. La chaîne du Safed Koh est orientée selon un axe est-ouest, et celle du Koh-i-Baba (5 143 m) est le « château d’eau » du pays. Ce relief tourmenté et compartimenté rend les communications intérieures et les liaisons avec les pays voisins difficiles. À partir de Kaboul, pour gagner le Harazajat, au centre du pays, le voyageur doit franchir une quinzaine de cols, tous situés à plus de 3 000 m d’altitude. Les voies de communication empruntent les passages naturels à travers les montagnes, comme le col du Shibar (3 000 m) ou le tunnel du col de Salang, creusé en 1964 — l’autre voie pour franchir l’Hindu Kush. On peut ensuite, de la région de Kaboul, gagner le nord du pays, ou encore la passe de Khyber à la frontière du Nord-Est, voie de passage historique vers l’Inde et le Pakistan, qui traverse la chaîne dinarique des monts Sulayman (1 400 m d’altitude).


Passe de Khyber (Afghanistan-Pakistan)

La passe de Khyber est une trouée dans la montagne de Safed Koh, frontière naturelle entre le Pakistan et l'Afghanistan.

Christine Osborne Pictures

Le pays s’étend sur une zone tectonique encore instable, où l’activité sismique est importante. Les plaines et les piémonts sont tous formés par des glacis d’érosion et d’accumulation. Les hautes plaines du Nord sont les plus fertiles, car recouvertes de lœss, tandis que le sud du pays est le domaine du dacht, une plaine steppique semi-aride ou aride.

Le réseau hydrographique afghan est endoréique. Les principaux cours d’eau d’Afghanistan sont l’Amou-Daria, connu dans l’Antiquité sous le nom d’Oxus, à la frontière du Tadjikistan, le Kabul, qui se jette dans l’Indus, l’Helmand, le plus long cours d’eau du pays (1 400 km), au sud, et l’Hari rud (1 130) à l’ouest, qui se perd dans les steppes du Turkménistan. À l’exception du Kabul, tous les cours d’eau se déversent dans des lacs ou des marécages.

2.2

Climat

Le climat est de type continental aride, mais présente de grandes variations, non seulement régionales mais aussi quotidiennes et saisonnières. Au cours d’une même journée, les variations de température peuvent osciller entre le gel à l’aube et 38 °C à midi. Dans les vallées du Nord, les températures estivales peuvent monter jusqu’à 49 °C. À Kaboul, qui se situe à environ 1 800 m d’altitude, les hivers sont froids et les étés agréables. À Djalālābād (à environ 550 m d’altitude), le climat est de type subtropical, et celui de Kandahar (à plus de 1 000 m d’altitude) est doux. Partout, les étés sont secs. Les précipitations, dont la moyenne annuelle est de 305 mm, se produisent essentiellement entre octobre et avril ; dans les zones de plateau et de steppes, elles ne dépassent pas 100 mm par an.

2.3

Ressources naturelles

Le climat aride et le terrain montagneux expliquent en majeure partie l’exploitation très faible du sol : 75 p. 100 des terres d’Afghanistan sont improductives. Les plus grandes étendues de terres arables se trouvent dans les vallées fertiles et facilement irrigables du Nord. Pourtant, les ressources naturelles de l’Afghanistan sont avant tout agricoles. On trouve divers minerais, en particulier du fer, des lapis-lazulis exploités dans la région du Badakhshan, mais les difficultés de transport, la désorganisation consécutive aux années de guerre et le manque de compétences et d’équipements sont un obstacle à leur exploitation. Il existe aussi un important gisement de gaz naturel dans le nord du pays.

2.4

Flore et faune

De manière générale, la flore d’Afghanistan est semblable à celle du Tibet et de la région himalayenne ou à celle des plaines et des déserts de l’Iran. Entre 1 800 et 3 500 m d’altitude, on rencontre des forêts de cèdres et de pins de l’Himalaya, ainsi que d’autres conifères. En raison d’un déboisement excessif, ces forêts n’occupent plus qu’environ 3 p. 100 de la superficie du pays. Leurs produits, la résine, les pignons, ainsi que le bois d’œuvre et de chauffage, sont pourtant importants pour une économie essentiellement autarcique. À des altitudes moins élevées, on rencontre des arbustes et des arbres, tels que le noisetier, le pistachier, le frêne et le genévrier. En dessous de 1 000 m, la végétation est assez clairsemée. Au printemps éclôt une grande variété de fleurs sauvages, aussi bien en montagne que dans les steppes herbeuses. Dans les vallées, on trouve de nombreux arbres fruitiers : abricotiers, pêchers, poiriers, pommiers, amandiers et noyers. Les dattiers prolifèrent dans l’extrême Sud, et les grenadiers et les agrumes sont exploités dans la région de Kandahar et Djalālābād. Les raisins et les melons abondent ; ils sont d’une excellente qualité et d’une variété inhabituelle.

En Afghanistan cohabitent de nombreuses espèces d’animaux sauvages, comme le mouton de montagne, l’ours, le bouquetin, la gazelle, le loup, le chacal, le lynx, le hérisson et le renard. Les principaux cheptels sont constitués de moutons, de bovins et de chèvres. Outre les chevaux, les ânes et les mules, on trouve aussi un grand nombre de dromadaires et de chameaux de Bactriane. Deux espèces sont propres au pays, le lévrier afghan, race de chiens de chasse, et les karakuls, moutons dont la laine sert à produire l’astrakan et le breitschwanz.

3

POPULATION ET SOCIÉTÉ

 

3.1

Démographie


Réfugiés afghans à Jallozai (Pakistan)

À Jallozai, à 30 km au sud de Peshawar, dans le nord-ouest du Pakistan, des réfugiés afghans sont rassemblés dans des camps installés à l'époque de l'invasion soviétique. Tristement connu pour ses conditions de vie exécrables, le camp de Jallozai a accueilli jusqu'à 80 000 personnes poussées sur les routes de l'exode par la guerre — d'abord contre l'occupant soviétique, puis entre factions rivales —, puis par la sécheresse et, enfin, par les frappes américano-britanniques lancées sur l'Afghanistan à partir d'octobre 2001. Depuis le début des années 1980, le Pakistan a accueilli environ deux millions de réfugiés, concentrés sur des territoires en bordure de la frontière avec l'Afghanistan.

Reuters NewMedia Inc./Corbis

La population, essentiellement rurale, peut être divisée en 4 principaux groupes ethniques. Les Pachtounes constituent environ 40 p. 100 de la population totale ; avant la guerre civile, ils étaient nomades et organisés en tribus comme les Kouchés, les Ghilzais et les Douranis. Les Tadjiks, de descendance iranienne, représentent environ 25 p. 100 de la population ; le reste de la population se compose d’Hazaras (15 p. 100) et d’Ouzbeks (9 p. 100), mais aussi de très nombreuses minorités (Kirghizes, Turkmènes, Arabes, Nouristanis, Baloutches).


Nomades d'Afghanistan

Les clans de Pashtun, Baluch et Kyrgiz migrent des pâturages d'hiver aux pâturages d'été et inversement, afin que leurs troupeaux ne manquent jamais de nourriture. Ils vivent dans des tentes et se déplacent en transportant leurs biens à dos d'animaux. Ils parcourent ainsi de longs trajets, transmettant les nouvelles, convoyant animaux et marchandises destinés à la vente. Les hommes et les garçons font paître le bétail, les femmes s'occupent de la traite et de la fabrication du beurre et du lait caillé, tandis que les enfants surveillent les jeunes animaux. Ces clans, qui suivent des itinéraires tracés par leurs ancêtres, ignorent les frontières internationales. Toutefois, les enjeux économiques et politiques les contraignent progressivement à la sédentarisation.

Paolo Koch/Photo Researchers, Inc.

La population afghane est estimée à 31,1 millions d'habitants en 2006, environ 3 millions d’Afghans étant toujours réfugiés au Pakistan et en Iran. En 1997, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), l’Afghanistan comptait la population de réfugiés la plus importante au monde. La situation sanitaire est très préoccupante : en 2006, le taux de mortalité infantile est élevé (160 p. 1 000) et l’espérance de vie moyenne ne dépasse pas 43,3 années.

Plus de 80 p. 100 de la population vit et travaille en milieu rural. Le nomadisme est en voie de disparition : il ne concerne plus qu’environ 400 000 personnes. La mobilité sociale est devenue un peu plus grande à partir des années 1950. Le poids de l’organisation sociale traditionnelle en tribus et en clans selon les communautés, comme chez les Pachtounes qui s’organisent autour des gawn (réseaux de solidarité) et des jirga (conseil tribal), l’autorité du père dans la famille et la sujétion des femmes constituent encore toutefois les traits dominants de la société afghane.

3.2

Découpage administratif et villes principales


Kaboul (Afghanistan)

Située à plus de 1 000 m d'altitude, Kaboul, la capitale de l'Afghanistan, est le principal centre commercial et culturel du pays.

Patrick Rorbert/Sygma/Corbis

L’Afghanistan est divisé en 31 provinces dirigées chacune par un gouverneur nommé par le gouvernement central. Les provinces sont divisées en districts et sous-districts.


Mosquée du Vendredi (Afghanistan)

Dominant la ville d'Herat, la mosquée du Vendredi, vieille de 800 ans, possède quatre minarets bleus.

Giorgio Guaico/Bruce Coleman, Inc.

Kaboul, la capitale, commande les routes vitales qui passent à travers les défilés. Herat, réputée pour ses anciens palais, mosquées et autres ensembles architecturaux remarquables, et Kandahar sont les deux autres villes les plus importantes. Elles ont énormément souffert de la guerre et tous leurs monuments historiques sont gravement endommagés.

3.3

Langues et religions


Mosquée de Mazar-é Charif (Afghanistan)

Des pèlerins musulmans venus de tout l'Afghanistan affluent à la mosquée de Mazar-é Charif, dans le nord du pays. Ce lieu saint abrite le tombeau d'Ali, quatrième calife de l'islam et gendre de Mahomet. Le sanctuaire, qui date du XVe siècle, est aussi nommé mosquée Bleue, en raison de ses minarets et de ses dômes turquoise et bleu cobalt.

George Hunter/ALLSTOCK, INC.

Le pachto et le persan, tous deux de la famille des langues iraniennes, sont les langues officielles de l’Afghanistan. Bien qu’il existe une littérature pachto assez riche et que ce soit la langue de plus de 50 p. 100 de la population, le persan reste la langue de l’expression culturelle, des affaires et du gouvernement ; une forme archaïque du persan, le dari, est parlée par la communauté tadjik. Parmi la trentaine de langues ou de dialectes différents parlés dans le pays, l’ouzbek, le turcoman, et le kirghize sont ceux qui prédominent dans les régions frontalières.

Plus de 99 p. 100 de la population afghane est de confession musulmane. La plupart sont sunnites de rite hanéfite. Il existe aussi une importante minorité chiite, représentant 20 p. 100 de la population, notamment les Hazaras des plateaux du centre et certaines petites ethnies du Nord. Jusqu’à la guerre, on trouvait également en milieu urbain de petites communautés éparses de juifs, d’hindouistes, et de parsis. Mazar-é Charif est le principal lieu de pèlerinage.

3.4

Éducation

Le taux d’alphabétisation n’est que de 36,3 p. 100 en 2000. À cause de la guerre, dans les années 1990, le pourcentage des jeunes de 12 à 17 ans scolarisés est retombé à 15,5 p. 100, soit moins que dans les années 1970, tandis que seulement 1 p. 100 des jeunes fréquentaient les institutions de l’enseignement supérieur. Sous le régime des talibans, l’école était interdite aux filles.

Après la chute des talibans à la fin de l’année 2001, la communauté internationale — notamment le Japon et la France (par le biais des lycées franco-afghans) — aide à la reconstruction des établissements scolaires en Afghanistan et à la remise en marche du système éducatif. La rentrée scolaire d’environ 1,7 million d’enfants, la première depuis cinq ans pour les filles, se déroule à la fin du mois de mars 2002, symbolisant le retour à la paix. Avant les années de guerre, Kaboul abritait la principale université, fondée en 1932, l’École de commerce (1943), l’Institut polytechnique (1951) et l’Université islamique (1988), tandis que l’université de Nangarhar (1962), plus petite, était située à Djalālābād.

3.5

Culture


Jeu du bouzkashi

Robert Cundy/Robert Harding Picture Library

La Société historique de l’Afghanistan et l’Académie pachto publient des magazines et soutiennent les rares écrivains afghans. Mais en raison de l’analphabétisme, la tradition orale des conteurs reste l’un des principaux moyens d’expression culturelle. L’artisanat est très développé. La joaillerie en or et en argent, les tapis de style persan et divers objets en cuir sont encore fabriqués dans les foyers. La musique afghane se caractérise essentiellement par des chansons populaires traditionnelles, des ballades et des danses. L’attan est la danse nationale : les danseurs, formant une grande ronde, battent des mains et accélèrent le mouvement des pieds au rythme de la musique. Les sports populaires sont notamment le polo, le ghosai, sport collectif semblable à la lutte, et le bouzkachi, jeu de cavaliers consistant à marquer des buts avec une carcasse d’animal en guise de ballon.

3.6

Institutions et vie politique

 

3.6.1

Historique

En 1973, le roi Zaher Shah est détrôné et la république proclamée. La Constitution promulguée en février 1977, donnant les pleins pouvoirs au président, fait de l’Afghanistan un régime à parti unique, avec l’islam pour religion d’État. Les pouvoirs législatifs sont dévolus à un parlement (Shura), comprenant deux chambres. Cette Constitution est suspendue en avril 1978 à la suite d’un coup d’État, et le Conseil révolutionnaire devient le principal corps gouvernemental du pays.

En 1987, le gouvernement prosoviétique rédige une nouvelle Constitution prévoyant un président élu pour une durée de sept ans. À la suite du retrait des troupes soviétiques en 1989 et de la chute du régime en avril 1992, un conseil intérimaire prend le pouvoir. L’élection présidentielle a lieu en décembre 1992. Mais dans un contexte de guerre civile, le véritable pouvoir est détenu par les chefs des bandes armées dans les différentes régions, et le fonctionnement du système judiciaire et administratif reste surtout théorique. Après la prise de Kaboul par les talibans en septembre 1996, la situation institutionnelle demeure confuse. Les régions du Hazarajat, du Panshir et du Nord sont toujours sous l’autorité des opposants. L’ONU n’accepte pas la mainmise des talibans sur la majeure partie du pays et ne reconnaît que le gouvernement mis en place le 28 juin 1992 par Burhanuddin Rabbani.

3.6.2

Transition démocratique

Après l’effondrement du régime des talibans en décembre 2001, le pays entre dans une phase de reconstruction politique et institutionnelle. En juin 2002, la Loya Jirga, grand conseil de chefs tribaux rassemblant plus de 1 500 délégués, élit le leader royaliste pachtoune Hamid Karzaï à la tête d’un gouvernement de transition. De retour en Afghanistan après vingt-neuf ans d’exil, l’ancien roi Zaher Shah, qui incarne l’unité retrouvée du pays, reçoit le titre honorifique et symbolique de « Père de la nation ».

Une nouvelle Constitution est adoptée en janvier 2004 par la Loya Jirga. Elle proclame la République islamique d’Afghanistan. Affirmant que la religion de l’État est l’islam, elle garantit toutefois la liberté de culte pour les autres religions. Elle ne proclame pas la charia (loi islamique) mais précise qu’aucune loi ne peut être « contraire à la religion sacrée », et instaure un système judiciaire indépendant.

La nouvelle Constitution entérine un régime présidentiel fort, dans lequel le président de la République est assisté de deux vice-présidents. Le pouvoir législatif est exercé par un Parlement bicaméral constitué de la Wolesi Jirga (Maison du peuple), dont les 249 membres sont élus au suffrage universel direct, et de la Meshrano Jirga (Maison des anciens), dont les deux tiers des 102 membres sont élus parmi les conseils de province et le tiers est nommé par le président. L’égalité de l’homme et de la femme devant la loi est reconnue, tandis que des quotas sont instaurés pour assurer la représentation des femmes au Parlement. Enfin, la Constitution protège également les droits linguistiques des minorités.

4

ÉCONOMIE


Échoppe en Afghanistan

L.J. Oppenheim

L’Afghanistan est l’un des pays les plus pauvres du monde ; son produit intérieur brut (PIB) est estimé en 1994 à 10 658 milliards de dollars, soit un PIB par habitant d’environ 3 000 dollars (en France, il est de 33 900 dollars). L’année 1962 avait marqué le début d’une succession de plans quinquennaux destinés à développer l’industrie, l’agriculture, l’exploitation minière, les transports et les services sociaux. Mais depuis la fin des années 1970, l’économie est totalement désorganisée à la suite de l’intervention militaire soviétique, de la guerre civile, de l’arrivée au pouvoir puis de la chute des talibans et dépend en premier lieu de l’aide internationale, débloquée en janvier 2002 à hauteur de 4,5 milliards de dollars sur cinq ans.

4.1

Agriculture


Vallée de Fuladi (Afghanistan)

George Hunter/ALLSTOCK, INC.

L’agriculture, principale source de richesse de l’Afghanistan, emploie environ 80 p. 100 de la population. En temps de paix, le pays produit suffisamment de denrées alimentaires pour couvrir ses propres besoins et un excédent destiné à l’exportation. Ses principales cultures sont le blé, le seigle, le maïs dans le Sud-Est, le riz, l’orge, les légumes et les fruits. Le ricin, la garance (qui fournit une substance colorante rouge), l’assa-fœtida (résine médicinale), le tabac, le coton, et la betterave à sucre sont plus particulièrement exploités pour le commerce. La culture du pavot, qui faisait de l’Afghanistan le premier producteur mondial d’opium en 1999, a été interdite sous le régime des talibans, la production diminuant de 94 p. 100. Reprise après leur chute, elle est alors interdite par le gouvernement intérimaire qui souhaite obtenir l’aide de la communauté internationale pour permettre aux paysans de reconvertir leurs terres cultivées. L’élevage est très diversifié (chameaux, chevaux, ânes, ovins, bovins et volailles). Le mouton fournit de grandes quantités de viande, de graisses et de laine au marché intérieur et de laines et peaux à l’exportation. En particulier, la peau du karakul, race de mouton à queue large, élevé en grand nombre dans le nord de l’Afghanistan, est très prisée pour sa fourrure, l’astrakan.

4.2

Mines et industries

L’exploitation des gisements d’or, d’argent, de cuivre, de béryl, et de lapis-lazuli se pratique depuis l’Antiquité. Des gisements de gaz naturel importants sont exploités dans le nord de l’Afghanistan. Quelques gisements de houille sont également mis en valeur, mais des réserves de minerai de fer, de sulfure, de chrome, de zinc et d’uranium ne le sont toujours pas. La production de sel couvre à présent les besoins du pays.

Durant les années 1960 et 1970, il y a eu quelques tentatives d’industrialisation. L’ouverture en 1965 d’une grande usine allemande a permis de doubler la production de laine et de textiles. Quelques entreprises, situées principalement à Kaboul, fabriquent des textiles et des chaussures. Les autres usines (cimenteries, conditionnement de fruits, fabrication de briquettes de charbon, égreneuses de coton) sont en nombre très réduit.

69,61 p. 100 de l’énergie de l’Afghanistan est produite dans des installations hydroélectriques ; le reste l’est dans des centrales thermiques qui fonctionnent au charbon et avec des dérivés du pétrole. Les principaux aménagements hydroélectriques sont installés sur les rivières Helmand et Kabul.

4.3

Échanges


Traversée du Kunduz (Afghanistan)

Des commerçants passent la rivière Kunduz à gué, dans les plaines du nord-est de l'Afghanistan.

Stephanie Dinking/Photo Researchers, Inc.

L’unité monétaire est l’afghani, qui est divisé en 100 puls. La Banque centrale d’Afghanistan a le monopole des émissions de billets et du lancement des emprunts d’État. Toutes les banques privées ont été nationalisées en 1975. Le commerce extérieur, contrôlé presque exclusivement par l’État avant la guerre civile, est très déficitaire : en 2000, les exportations ne rapportent que 125 millions de dollars, alors que les importations atteignent 524 millions de dollars. Le pays exporte principalement du gaz naturel, des fruits secs, du coton, des tapis et des peaux de karakul. Les textiles, les matériaux de construction, le pétrole, les constructions mécaniques, la quincaillerie, le thé, et le sucre font partie des principaux produits d’importation.

Les déplacements sont limités du fait du relief accidenté. Le pays n’a pas de chemin de fer, et ses cours d’eau étroits et rapides ne sont pas navigables. Les chameaux et autres bêtes de somme sont fréquemment utilisés pour le transport de marchandises. Le pays dispose de 34 789 km de routes, le plus souvent non goudronnées. Les principales relient Kaboul aux capitales provinciales. Leur entretien est un problème constant en Afghanistan, principalement en raison des violentes inondations printanières. Ariana Afghan Airlines, la compagnie aérienne nationale, reprend ses vols en janvier 2002, après la levée des sanctions qui lui étaient imposées depuis 1999 dans le cadre de la lutte contre le régime des talibans, mais elle ne dispose plus alors que de deux avions — huit en 2005.

En 1996, on comptait 12 quotidiens à tirage régulier. Après cinq ans d’interdiction décrétée par les talibans, la télévision recommence à diffuser quelques émissions au début de l’année 2002, tout étant à reconstruire en ce domaine également.

5

HISTOIRE

 

5.1

Le passage d’Alexandre le Grand

Au vie siècle av. J.-C., le pays est inclus dans l’Empire perse des Achéménides, qui est lui-même conquis aux environs de 330 av. J.-C. par Alexandre le Grand. Le passage du conquérant est bref, mais laisse des traces dans l’histoire de l’Afghanistan. Herat et Kandahar (ville d’Alexandre) sont fondées par le souverain macédonien. Après sa mort, en 323 av. J.-C., la majeure partie de la région passe sous la domination du général d’Alexandre, Séleucos Ier Nikator, et plus tard sous celle du roi indien Chandragupta. En Bactriane (dans le nord de l’Afghanistan), un État grec s’installe de 256 av. J.-C. à 130 av. J.-C. Cette civilisation gréco-bouddhique donne naissance à un art connu sous le nom d’art de Gandhara, dont les bouddhas géants de Bamyan étaient un des plus beaux exemples. Tour à tour, aux iiie et ive siècles apr. J.-C., les Scythes, des nomades iraniens appelés Sakas en Asie, puis les Kushana, qui adoptent le bouddhisme, et enfin les Perses sassanides envahissent le pays. Les Huns hephthalites, surnommés Huns blancs, prennent ensuite le contrôle de l’Afghanistan mais les conquérants arabes envahissent la région au milieu du viie siècle.

5.2

Les premières dynasties musulmanes

Il faut attendre plusieurs siècles avant que l’islam ne devienne la religion dominante. La conquête de l’Afghanistan est entreprise dès 651 par le calife Omar qui s’empare de Herat et s’achève par la prise de pouvoir du premier calife omeyade Mouawiya en 664. Les Turcs venus d’Asie centrale envahissent ensuite le pays. La domination totale des Turcs seldjoukides est établie à la fin du ixe siècle et dure jusqu’au début du xie siècle. La conversion à l’islam s’achève par celle de la population de Kaboul en 870. Par la suite, la culture musulmane s’épanouit sous la première dynastie afghane, celle des Ghurides (1148-1215), qui étend peu à peu sa domination au nord de l’Inde ; Delhi devient même un temps sa capitale. Toute l’élite intellectuelle persophone fréquente Kaboul et Ghazni.

5.3

Les invasions mongoles

Les Ghaznavides sont renversés par les hordes du conquérant mongol Gengis Khan, qui descend du Nord aux environs de 1220. L’invasion mongole prend les proportions d’un cataclysme en Afghanistan. La plus grande partie des villes du pays sont rasées et l’Afghanistan reste sous la domination mongole jusqu’à la fin du xive siècle, quand un autre envahisseur mongol, Tamerlan, s’empare du nord du pays. Son successeur, Babur, fonde la dynastie des Moghols de l’Inde, qui prennent Kaboul aux environs de 1504. Les successeurs moghols de Babur n’affirment leur autorité que sur l’est du pays, et sont confrontés à des révoltes afghanes continues.

5.4

La fondation de l’État afghan


Nader Chah

Ce chef de guerre a su, par ses victoires militaires, constituer un empire intégrant l'Afghanistan et le nord de l'Inde à l'Iran qu'il gouverne depuis 1736. Ce Perse de confession chiite s'est efforcé de concilier les antagonismes religieux opposant chiites et sunnites afin de raffermir l'unité de l'Iran. Ce n'est qu'à sa mort que l'Afghanistan se détache de la tutelle persane.

SEF/Art Resource, NY

La tribu afghane Ghilzai s’empare de la capitale iranienne, Ispahan, en 1722. Nader Chah, en 1738, rétablit l’autorité iranienne sur la quasi-totalité du territoire afghan. Il est assassiné en 1747, et les chefs afghans choisissent pour souverain un de ses généraux, Ahmad Chah Dorrani, membre de la tribu Abdali ; celui-ci est encore aujourd’hui considéré par les Afghans comme le père de l’Afghanistan. Ahmad Chah agrandit considérablement son royaume en s’appropriant l’Est iranien, le Baloutchistan, le Cachemire, et une partie du Pendjab. Il fonde la dynastie Dorrani, disparue en 1818. En 1826, Dost Mohammad Khan, membre d’une éminente famille afghane, s’empare de l’Est et s’attribue le titre d’émir en 1835.

5.4.1

Première guerre anglo-afghane

Dost Mohammad demande aux autorités coloniales britanniques de l’Inde qu’elles soutiennent les revendications territoriales de l’Afghanistan sur le Pendjab. Après le refus des Britanniques, il se tourne vers la Russie.

Craignant de voir s’élargir la sphère d’influence russe jusqu’aux frontières de l’Inde, l’Angleterre exige alors l’expulsion d’un représentant russe à Kaboul. En mars 1839, des forces anglo-indiennes envahissent l’Afghanistan, ce qui déclenche la première guerre anglo-afghane (1839-1842). Les envahisseurs prennent Kandahar en avril 1839 et Ghazni en juillet. Quand Kaboul tombe en août, Chah Chuja, un petit-fils d’Ahmad Chah, prend la place de Dost Mohammad sur le trône d’Afghanistan.

Le 2 novembre 1841, Akbar Khan, un fils de Dost Mohammad, mène une révolte victorieuse contre Chah Chuja et les garnisons anglo-indiennes stationnées dans le pays. Après l’échec d’une expédition anglo-indienne en décembre 1842, les Britanniques quittent le pays. Dost Mohammad remonte sur le trône. Ce n’est qu’en 1855 qu’il conclut un accord de paix avec le gouvernement indien.

5.4.2

Deuxième guerre anglo-afghane

Après la mort de l’émir, en 1863, des luttes fratricides entre ses fils laissent le pays dans un état d’agitation permanente pendant plus d’une décennie. Shir Ali Khan, son troisième fils et successeur, ranime l’hostilité des Britanniques en se tournant de nouveau vers la Russie en 1878. En novembre, les forces armées anglo-indiennes envahissent une nouvelle fois l’Afghanistan. La campagne militaire britannique est couronnée de succès et, par le traité de Gandarak (26 mai 1879), le souverain afghan doit accepter le protectorat anglais et abandonner le contrôle de la passe de Khyber, Kaboul étant occupée en octobre 1879. Yakoub Khan, fils de Shir Ali, qui avait pris la succession, est contraint d’abdiquer et, en 1880, Abd al-Rahman Khan, petit-fils de Dost Mohammad, monte sur le trône.

5.4.3

Troisième guerre anglo-afghane

Le nouveau souverain confirme la cession de la passe de Khyber et celle d’autres territoires afghans aux Britanniques. Pendant son règne, qui dure jusqu’en 1901, Abd al-Rahman Khan règle des conflits territoriaux avec l’Inde et la Russie, crée une armée de métier, et s’applique à affaiblir les pouvoirs des chefs des principales tribus.

En 1907, sous le règne d’Habibollah Khan, les gouvernements britannique et russe concluent une convention par laquelle ils s’engagent à respecter mutuellement l’intégrité territoriale de l’Afghanistan. Habibollah est assassiné en février 1919. Son fils, Amanollah Khan, déterminé à mettre son pays à l’écart de la sphère d’influence britannique, déclare la guerre au Royaume-Uni en mai 1919. Les Britanniques, confrontés au même moment au mouvement grandissant de libération indienne, négocient un traité de paix. Par cet accord, conclu à Rawalpindi, au Pakistan, le 8 août 1919, ils reconnaissent la souveraineté et l’indépendance de la nation afghane.

5.4.4

Réformes et modernisation


Zaher Chah

Roi d'Afghanistan de 1933 à 1973, Zaher Chah se distingue par son esprit libéral ; il engage notamment le pays dans un mouvement d'amélioration de la condition féminine et, dès 1963, vers une modernisation de la vie politique. Le 1er octobre 1964, il promulgue une nouvelle Constitution, fondée sur une monarchie constitutionnelle, offrant ainsi des bases démocratiques au pays. Cependant, les lois devant compléter la Constitution ne sont pas promulguées, et plongent le Parlement et le pays dans l'immobilisme. Le roi est renversé par le coup d'État du prince Daoud en 1973 et s'exile en Italie.

Keystone Pressedienst GmbH

Très impressionné par les programmes de modernisation de l’Iran et de la Turquie, Amanollah institue une série de réformes politiques, sociales et religieuses. Un gouvernement constitutionnel est installé en 1923, les titres de noblesse sont abolis, l’enseignement pour les femmes est décrété, et d’autres mesures radicales destinées à moderniser les institutions traditionnelles sont imposées. L’hostilité provoquée par le programme de réformes du roi conduit à une rébellion en 1929. Amanollah abdique. Son frère, Anayatollah, est destitué par Bacha Sakau, leader rebelle, après un règne de trois ans. En 1929, un cousin d’Amanollah vainc les rebelles et se fait couronner roi sous le nom de Nader Chah.

Sa politique conservatrice suscite les critiques des libéraux, et il est assassiné en 1933. Son fils et successeur, Zaher Chah, qui n’a que 19 ans en 1933, au moment de son accession au pouvoir, subit pendant les 30 années suivantes la loi de sa famille, particulièrement celle de son cousin qui, plus tard, devient son beau-frère, le prince Mohammad Daoud Khan. Le gouvernement accélère le programme de modernisation entrepris par Nader Chah, promulgue en octobre 1931 une Constitution et établit des relations commerciales étroites avec l’Allemagne, l’Italie, et le Japon. En 1939, alors qu’éclate la Seconde Guerre mondiale, Zaher Chah proclame la neutralité du pays. En novembre 1946, l’Afghanistan devient membre de l’Organisation des Nations unies (ONU).

5.5

La question du Pachtounistan

En 1947, avec l’accession à l’indépendance de l’Inde et du Pakistan, l’Afghanistan demande la tenue d’un référendum d’autodétermination dans la province de la frontière du Nord-Ouest, région peuplée essentiellement de Pachtounes et de Baloutches. Les tensions entre le Pakistan et l’Afghanistan persistent pendant plusieurs années. Des affrontements sporadiques ont lieu entre les forces armées pakistanaises et des membres des tribus pachtounes qui ont créé, avec l’approbation du gouvernement afghan, un mouvement indépendantiste, décidé à établir un État sous le nom de Pachtounistan. Ce projet n’aboutit pas et l’Afghanistan, mécontent de la signature d’un pacte d’assistance militaire conclu entre les États-Unis et le Pakistan, se rapproche de l’URSS. En 1955, le Premier ministre soviétique Boulganine, en visite en Afghanistan, se dit favorable à la création d’un État du Pachtounistan. En 1961, la question du Pachtounistan s’enflamme à nouveau, et ce n’est qu’en 1967 que les relations diplomatiques sont rétablies entre l’Afghanistan et le Pakistan.

5.6

De la République à l’intervention soviétique

À partir de 1959, l’Afghanistan connaît une vague de modernisation se poursuivant sous le règne de Zaher Chah, qui, en 1963, destitue le prince Mohammad Daoud Kahn. L’abandon du voile et la mixité des universités sont décidés, une nouvelle Constitution est promulguée en 1964 et les partis politiques sont autorisés l’année suivante. Les premières élections législatives ont lieu en septembre 1965 et aboutissent à la formation d’un gouvernement sous l’égide d’un leader libéral, Hashim Maïnandwal, qui est assassiné lors du coup d’État de 1973. L’État devient progressivement laïc et tolérant. Les partis politiques se développent, dont un Parti communiste, le Parti démocratique du peuple afghan (PDPA). Ce dernier, très virulent, est divisé en deux tendances, le Khalq (le Peuple) et le Parcham (l’Étendard). La première tendance est dirigée par Nur Mohammad Taraki, la seconde par Muhammad Hosay Khan, plus connu sous le nom de Babrak Karmal, fils d’un général apparenté à la famille royale. À la fin des années 1960, le pays connaît de graves sécheresses et une situation économique instable.

C’est dans ce contexte qu’en juillet 1973, Daoud, le « prince rouge », s’empare du pouvoir, destitue le roi, et proclame la première République afghane. En 1977, il est élu président, puis renversé et assassiné le 27 avril 1978. Les nouveaux dirigeants, militaires et membres du PDPA, organisés en un Conseil révolutionnaire dirigé d’abord par Mohammad Taraki, puis par Hafizullah Amin, suspendent la Constitution et mettent en place un programme de « socialisation ». Les dettes rurales et les hypothèques sur les terres sont supprimées, l’école devient obligatoire ; une propagande anti-religieuse intensive aggrave les effets d’une politique qui brise les cadres traditionnels de la société et déclenche en retour la résistance armée des islamistes les plus radicaux dans la région d’Azmar en juillet 1978.

Le rejet moral du discours communiste, l’expansion rapide de la rébellion et les désertions dans l’armée afghane empêchent le PDPA de juguler les troubles malgré une aide matérielle soviétique considérable. Taraki et Amin sollicitent alors une intervention directe de l’URSS. Traditionnellement présents en Afghanistan depuis le traité d’amitié et de coopération du 21 février 1921, les Soviétiques équipent et entraînent l’armée. Les raisons profondes de la décision d’intervenir militairement, prise par Brejnev, alors malade et diminué, demeurent sujettes à maintes interprétations. Le 27 décembre 1979, le président Amin est renversé lors d’un coup d’État, l’Afghanistan est envahi par les troupes soviétiques, tandis que le Khalq élimine le Parcham. Babrak Karmal, l’ancien vice-président qui a été écarté et exilé en 1978, est installé à la présidence. L’insurrection se transforme en une guerre sainte (le djihad, qui est un acte volontaire non obligatoire) contre l’envahisseur étranger et infidèle (kaffir), sans réelle structuration politique, les combattants se ralliant par familles, par clans et par tribus à l’autorité d’un chef de guerre. Plus de 3 millions de personnes passent la frontière pour se réfugier au Pakistan et en Iran. Voir guerre d’Afghanistan.

Au milieu des années 1980, les forces gouvernementales et 200 000 militaires soviétiques contrôlent les villes et les principaux axes de communication (20 p. 100 du pays). En mai 1986, sur l’initiative des Soviétiques, Karmal est remplacé par Mohammad Najibullah, un membre du Khalq et chef de la police d’État, le Khad. Au même moment, la fourniture massive d’armes américaines (missiles anti-aériens Stinger) à la résistance afghane et l’aide pakistanaise modifient les données du conflit, qui se transforme en une guerre classique avec l’usage d’armes lourdes, de blindés et d’artillerie des deux côtés. Les pertes de plus en plus sévères et l’effet désastreux en URSS d’une « sale guerre » sans issue militaire convainquent Mikhaël Gorbatchev de retirer les troupes soviétiques.

5.7

Le retrait soviétique et la guerre civile


Ahmed Shah Massoud

Victime d'un attentat en septembre 2001, Ahmed Shah Massoud, chef militaire et homme politique afghan, a incarné la lutte contre l’occupation soviétique pendant la guerre d'Afghanistan (1979-1988), puis contre le régime taliban (1996-2001).

Webistan/Corbis

Entre mai 1988 et février 1989, l’URSS retire toutes ses troupes. En raison du maintien du pouvoir appuyé par les actions du Khad en milieu urbain, la guerre civile se poursuit jusqu’en avril 1992, jusqu’à la chute de Kaboul, prise par les troupes islamistes.


Gulbuddin Hekmatyar

Gulbuddin Hekmatyar, fondateur du Hezb-i-Islami (Pachtounes et islamistes) en 1976.

Robert Nickelsberg/Liaison/Getty Images

Les combats reprennent, cette fois entre les partis de la résistance, divisée entre musulmans radicaux et modérés, sunnites et chiites, et entre certaines communautés pour le partage du pouvoir (Pachtounes, Tadjiks, Ouzbeks ou Hazaras). En 1992, les factions rivales acceptent la mise en place d’un conseil intérimaire pour gouverner l’Afghanistan, avec comme président Burhanuddin Rabbani du Jamiat-i Islami (Tadjiks du commandant Ahmed Shah Massoud et musulmans modérés). En juin 1993, Gulbuddin Hekmatyar, le leader du Hezb-i-Islami (Pachtounes et islamistes), devient Premier ministre. En septembre 1993, les dirigeants des factions de la guérilla approuvent une constitution provisoire en préalable à des élections prévues pour 1994.

5.8

Le mouvement des talibans


Soldats talibans (Afghanistan)

Martin Adler/Panos Pictures

Le 1er janvier 1994, les combats reprennent à Kaboul entre les troupes fidèles au président Rabbani et celles du Premier ministre Hekmatyar et de son allié, l’ancien général communiste, Rashid Dostom, dirigeant du Front national (Ouzbeks et laïques). Un nouvel accord de paix, conclu en janvier 1995, est immédiatement rompu sous la poussée militaire d’un nouveau mouvement armé apparu à l’été 1994, celui des talibans. Dirigé par le mollah Mohammed Omar, il est constitué par des « étudiants » en religion de l’ethnie pachtoune issus des madrasas (écoles coraniques), encadrés par des oulémas, avec l’appui direct des services secrets et de l’armée du Pakistan. Les talibans triomphent sans réels combats des troupes de Hekmatyar et menacent Kaboul, mais ils sont repoussés de justesse par une coalition des autres factions. Au début de l’année 1996, le pays est toujours partagé entre les différentes milices armées. Les talibans reprennent Kaboul en septembre 1996 aux troupes du commandant Massoud et ils assassinent l’ancien président Najibullah. En mars 1997, les talibans contrôlent les deux tiers du pays. Ils continuent leur offensive dans la vallée du Panshir, le fief de Massoud, et en direction de Mazar-é Charif, la grande métropole du nord du pays, contrôlée par les milices ouzbeks du général Dostom. Les talibans prennent la ville le 25 mai 1997, puis se retirent trois jours après, face à une coalition des milices hazaras et ouzbeks, tandis que Massoud contient de son côté l’offensive des religieux.

Bénéficiant du discrédit politique des commandants de la résistance, les talibans instaurent dans les territoires qu’ils contrôlent le droit islamique (charia) et restaurent la paix civile. Ils procèdent à la confiscation des armes, au désarmement des commandants qui se livrent au racket, ce qui leur vaut le soutien des commerçants de Kaboul, tout en proposant une amnistie générale à tous ceux qui se rallient à leur mouvement. Leur rigidité et leur austérité, l’obligation pour les femmes de porter la burqa (voile qui les recouvre de la tête aux pieds), l’interdiction pour les filles d’aller à l’école et pour les femmes de travailler, l’interdiction des jeux traditionnels, d’écouter de la musique, de porter des costumes occidentaux ne font pas l’unanimité, surtout dans les villes. Mais la discipline de leurs troupes, le rétablissement d’un minimum d’ordre dans une société en proie au chaos les rend alors populaires, d’autant qu’ils redonnent une place prééminente dans la société afghane à la communauté pachtoune.


Femmes et enfants afghans

La loi édictée par les talibans sous la forme de seize commandements oblige notamment les femmes à porter le tchadri — tunique recouvrant tout le corps et cachant le visage derrière un masque ajouré pour la vue, appelée également burqa —, dès qu'elles sortent de chez elles, sous peine de se voir, elles et leurs maris, battus ou tués.

Quelques semaines après la chute du régime des talibans, en décembre 2001, le chef du gouvernement intérimaire Hamid Karzaï signe un document qui reconnaît les droits des femmes afghanes, dont notamment l'égalité entre les hommes et les femmes, une protection égale devant la loi, une éducation institutionnelle dans toutes les disciplines, la liberté de mouvement, la liberté de parole et de participation politique, et le droit de porter ou non le tchadri ou le foulard. Devenue le symbole de l'oppression talibane sur les femmes, le port du tchadri était toutefois répandu avant l'arrivée des talibans, surtout dans les campagnes, et demeure d'actualité dans un pays fortement marqué par le poids des traditions.

Jeremy Hartley/Panos Pictures

Sur le plan diplomatique, les talibans sont soutenus par le Pakistan et, au début, par les États-Unis ; ces derniers retirent toutefois assez tôt leur soutien à un régime qu’ils accusent de refuser d’éradiquer les champs de pavots et les laboratoires d’héroïne.


École dans un camp de réfugiés afghans (Islamabad, Pakistan)

Dans un camp de réfugiés afghans installé aux alentours d'Islamabad, au Pakistan, une école de fortune a été créée avec le soutien de l'Unesco. Sous le régime des talibans (1996-2001), les écoles pour filles et femmes ont été fermées en Afghanistan, les petites filles n'ayant droit qu'à une éducation coranique jusqu'à l'âge de neuf ans.

Claro Cortes/REUTERS

En août 1998, les talibans sont maîtres de la plus grande partie du pays, les chiites pro-iraniens s’étant repliés au centre et Massoud dans le Panshir. Une vive tension s’installe entre l’Afghanistan et l’Iran, dont plusieurs diplomates sont assassinés par des talibans lors de la conquête de Mazar-é Charif. Le 20 août 1998, les États-Unis bombardent un centre d’entraînement du terroriste présumé d’origine saoudienne Oussama Ben Laden, en représailles aux attentats perpétrés quelques semaines plus tôt contre les ambassades américaines du Kenya et de la Tanzanie. En novembre 1999, devant le refus des talibans d’extrader Oussama Ben Laden, le Conseil de sécurité de l’ONU impose des sanctions financières et commerciales à l’Afghanistan.

Après avoir conquis, le 6 septembre 2000, Taloqan, capitale de la province de Takhar au nord-est du pays, les talibans prennent le contrôle des principaux points de passage vers le Tadjikistan, à partir duquel les opposants au régime des talibans reçoivent de l’aide. La province du Badakhshan est également attaquée par l’est. Les troupes du commandant Massoud sont contraintes de se replier dans la vallée du Panshir où le ravitaillement devient difficile pendant la période hivernale. De plus, le commandant Massoud ne peut plus compter sur ses traditionnels soutiens politiques, l’Iran et la Russie, qui assouplissent leur position vis-à-vis du régime des talibans.


Oussama Ben Laden

Membre d'une famille d'entrepreneurs saoudienne et riche homme d'affaires, Oussama Ben Laden prend part, dans les années 1980, à la lutte contre l'occupant soviétique en Afghanistan et bénéficie alors du soutien de l'Arabie saoudite et des États-Unis. Dans les années 1990, il finance les mouvements les plus extrémistes du fondamentalisme musulman, dont il est l'un des principaux représentants. En 1996, il trouve refuge en Afghanistan où, sous la protection du régime taliban, il développe un réseau terroriste international, Al Qaida. Considéré par les États-Unis comme l'un des éléments les plus dangereux du terrorisme international, le milliardaire islamiste est soupçonné d'avoir organisé une série d'attentats contre des cibles américaines, dont ceux perpétrés aux États-Unis le 11 septembre 2001 contre les tours du World Trade Center, à New York, et contre le Pentagone, quartier général du ministère de la Défense, à Washington.

REUTERS

Maîtres de la quasi-totalité du territoire de l’Afghanistan, les talibans entreprennent de renforcer leur régime islamiste, y compris sur le plan symbolique. Ainsi, en mars 2001, leur chef suprême, le mollah Mohammed Omar, publie un décret ordonnant la destruction de toutes les statues bouddhiques (dont les deux bouddhas géants de Bamyan, vieux de 1 400 ans) ainsi que les peintures dans les grottes et monastères rupestres excavés dans les falaises de l’ancienne région du Gandhara, qui datent de la période ayant précédé l’arrivée de l’islam dans la région.


Bouddhas géants de Bamyan (Afghanistan)

Cette photographie de l'un des deux bouddhas géants de Bamyan (Afghanistan) a été prise avant que le chef suprême des talibans, mollah Mohammed Omar, n'ordonne leur destruction, survenue en mars 2001. Sculptées dans la falaise et abritées dans des niches trilobées peintes, ses colossales statues du Bouddha debout ont été détruites car jugées contraires à l’islam. La mobilisation internationale n’a pas réussi à empêcher la mise en œuvre de cette mesure iconoclaste.

Paul Almasy/Corbis

Sur le plan économique, l’exceptionnelle sécheresse de l’été 2000, qui entraîne la disparition de nombreuses cultures et troupeaux, provoque l’exode de milliers de réfugiés dans les camps de l’ONU dans l’ouest du pays ainsi qu’au Pakistan, où vivent déjà plus de 2 millions d’Afghans.

5.9

La chute du régime des talibans



Prise de Kaboul par l'Alliance du Nord

Le 13 novembre 2001, après trente-huit jours de frappes aériennes américano-britanniques, les soldats de l'Alliance du Nord entrent victorieux dans Kaboul. Opprimés par cinq années de régime taliban, les Kaboulis accueillent la « libération » de leur ville par des manifestations de liesse.

Yannis Behrakis/REUTERS

Le 9 septembre 2001, le commandant Massoud est victime d’un attentat-suicide meurtrier. À l’annonce de cette nouvelle, les troupes des talibans enregistrent de très fortes progressions et les incertitudes sont grandes quant à l’avenir de la résistance afghane au régime taliban. Mais deux jours après l’assassinat du commandant Massoud, quatre avions de ligne, détournés, s’écrasent aux États-Unis, sur le World Trade Center, sur le Pentagone et en Pennsylvanie, causant la mort de plus de 3 000 personnes. (voir attentats du 11 septembre 2001). Les soupçons se portent rapidement sur le milliardaire islamiste Oussama Ben Laden, a priori considéré comme capable d’élaborer des attentats d’une telle ampleur. Les talibans, qui l’abritent en Afghanistan, refusent de le livrer. George W. Bush, considérant ces attentats comme un acte de guerre, appelle à la mise en place d’une coalition internationale contre le terrorisme. Les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite rompent leurs relations avec les talibans, bientôt suivis par le Pakistan.

Les premières frappes aériennes américano-britanniques sur l’Afghanistan ont lieu le 7 octobre. Elles visent les installations de l’organisation Al Qaida de Ben Laden ainsi que les aéroports contrôlés par les talibans. Les villes de Kaboul, Kandahar (qui abrite le chef des talibans, le mollah Mohammed Omar), Djalālābād et Herat sont touchées. Les avions américains pilonnent également les positions des talibans sur les lignes de front afin de permettre la progression de l’Alliance du Nord vers la capitale et vers Mazar-é Charif. Le nombre de victimes civiles est difficile à déterminer tandis que des milliers d’Afghans fuient vers le Pakistan.


Marines et soldats afghans

La riposte militaire aux attentats du 11 septembre 2001 commence le 7 octobre suivant. Les frappes aériennes américano-britanniques visent les installations de l'organisation Al Qaida d'Oussama Ben Laden en Afghanistan ainsi que les aéroports contrôlés par les talibans. Avec l’aide de l’aviation américaine, l’Alliance du Nord se rend maître de la majeure partie du pays, puis des Marines américains débarquent sur le sol afghan pour traquer les membres et le chef du réseau Al Qaida.

REUTERS

Au mois de novembre, avec l’aide de l’aviation américaine, l’Alliance du Nord se rend peu à peu maître de la majeure partie de l’Afghanistan, les talibans ne résistant plus que dans leur fief de Kandahar. Des Marines américains débarquent sur le sol afghan pour traquer sur le terrain les membres et le chef du réseau Al Qaida. Après 38 jours de frappes aériennes, la prise de Kaboul par les soldats de l’Alliance du Nord est accompagnée de manifestations de liesse et du retour de la musique dans la ville, interdite par les talibans. L’Alliance du Nord annonce que les femmes pourront recommencer à travailler et les jeunes filles à aller à l’école.


Programme alimentaire mondial en Afghanistan

Alors que le régime taliban vient de tomber, un convoi de camions de blé acheminé par le Programme alimentaire mondial (PAM) atteint un village peuplé de Hazaras. C'est la première fois depuis 1996 que ces villageois bénéficient de l'aide du PAM alors que, en pleine sécheresse, les talibans avaient interdit aux organisations humanitaires de fournir des vivres à certaines régions d'Afghanistan, notamment dans le nord du pays, qui concentre des minorités hazara, tadjike et ouzbeke.

Bullit Marquez/AP/Wide World Photos

L’avenir politique du pays fait l’objet d’une conférence interafghane organisée sous l’égide de l’ONU à Bonn (Allemagne) à la fin du mois de décembre. Après d’âpres discussions, les délégués parviennent à un accord prévoyant la mise en place d’une administration intérimaire composée de 30 membres représentant les différentes ethnies pour une durée de six mois, la période transitoire devant au total durer deux ans. Présidé par le leader royaliste pachtoune Hamid Karzaï, et « vice-présidé » par une femme, Sima Amar, le gouvernement investi le 22 décembre comprend des membres de l’Alliance du Nord aux postes-clés (Défense, Affaires étrangères et Intérieur). Conformément à cet accord, une Force internationale d’assistance à la sécurité en Afghanistan (ISAF), mandatée par le Conseil de sécurité de l’ONU, est déployée à partir du mois de janvier 2002 afin de contribuer à la stabilité du pays au sortir de 23 années de guerre. Au même moment, une conférence internationale pour la reconstruction de l’Afghanistan se réunit à Tokyo (Japon) et annonce l’attribution au pays de 4,5 milliards de dollars d’aide sur cinq ans.

5.10

Hamid Karzaï et la transition démocratique


Hamid Karzaï et Zaher Chah

Le 18 décembre 2001, le chef du gouvernement intérimaire d'Afghanistan Hamid Karzaï (à gauche) rencontre à Rome l'ancien roi Zaher Chah, en exil en Italie depuis 1973. De forts liens familiaux et tribaux lient le chef de guerre pachtoune royaliste, qui a combattu aux côtés de l'Alliance du Nord pour déloger les talibans de la ville de Kandahar, à l'ancien roi d'Afghanistan, considéré comme un symbole du pays et de son unité.

Dylan Martinez/REUTERS

Au mois d’avril 2002, Zaher Chah rentre en Afghanistan après vingt-neuf ans d’exil en Italie. Même s’il exclut le retour à la monarchie, l’ancien roi se déclare prêt à assumer la fonction de chef de l’État. Conformément aux accords de Bonn, il inaugure à Kaboul, au mois de juin, la Loya Jirga. Instituée au xviiie siècle, cette grande assemblée traditionnelle réunit plus de 1 500 délégués — dont 200 femmes — représentant les différentes autorités ethniques, politiques et militaires du pays, afin d’élire le président du futur gouvernement de transition chargé d’élaborer une nouvelle Constitution et d’organiser les élections de 2004. Le 14 juin, le chef de l’autorité intérimaire Hamid Karzaï, soutenu par les États-Unis, est élu chef de l’État avec un peu plus de 80 p. 100 des suffrages. Écarté du jeu politique sous les pressions des Tadjiks et des États-Unis, Zaher Chah n’est pas en lice, mais il reçoit le titre symbolique de « père de la nation ».

La composition du nouveau gouvernement reflète le rapport des forces sur l’échiquier militaro-politique afghan, les Tadjiks de l’Alliance du Nord détenant les ministères clés de la Défense et des Affaires étrangères. Elle témoigne aussi du souci de Hamid Karzaï de tenter d’équilibrer le pouvoir en intégrant des membres de l’ethnie pachtoune, pénalisée en raison de ses liens avec le régime taliban. Le nouveau gouvernement se caractérise enfin par l’entrée en force de plusieurs seigneurs de guerre, le chef de l’État pariant sur leur intégration dans l’administration centrale afin de les éloigner de leurs fiefs régionaux.

Le nouveau pouvoir est cependant fortement déstabilisé par plusieurs assassinats commis contre des membres du gouvernement transitoire — le président Hamid Karzaï lui-même échappe à un attentat en septembre 2002. En dépit de la présence de l’ISAF et des forces de la coalition, le pays est confronté à une insécurité croissante, liée notamment à la résurgence de la guérilla talibane et alimentée par la lutte pour le contrôle de la drogue. En effet, alors que la culture du pavot avait été éradiquée sous le régime taliban, l’Afghanistan redevient rapidement, dès 2002, le premier producteur mondial d’opium. Face aux besoins de reconstruction immenses (estimés à 30 milliards de dollars jusqu’en 2012), l’Afghanistan obtient de nouveaux engagements financiers de la part des donateurs internationaux lors de la conférence internationale sur l’Afghanistan qui se tient à Berlin au printemps 2004.

Parallèlement, le pays poursuit sa transition démocratique. Une nouvelle Constitution est adoptée en janvier 2004. Elle met en place un régime présidentiel fort, avec un Parlement bicaméral et un système judiciaire indépendant. Elle reconnaît l’islam comme religion d’État tout en garantissant la liberté de religion. Les droits de la femme sont protégés ainsi que les droits linguistiques des minorités.

Le 9 octobre 2004, l’Afghanistan organise la première élection présidentielle de son histoire. Huit millions d’électeurs sont appelés à choisir leur président parmi dix-huit candidats lors d’un scrutin réalisé sous le contrôle d’une commission électorale réunissant les représentants de l’État afghan et des experts de l’ONU. L’élection, qui se déroule dans un climat relativement calme, se caractérise par une participation massive (environ 83 p. 100). Elle consacre la victoire d’Hamid Karzaï, qui obtient 55,4 p. 100 des suffrages dès le premier tour, devant son principal rival Yunès Kanouni (16,3 p. 100). Contestée pour fraude par la plupart des autres candidats, cette victoire est officiellement annoncée le 3 novembre suivant par la commission électorale, pour laquelle les irrégularités constatées lors du scrutin ne remettent pas en cause sa validité. La tâche du gouvernement est immense et doit faire face à la guérilla talibane qui se réorganise et redevient offensive, en particulier au cours de l’été 2005, à l’approche des élections législatives et provinciales du 18 septembre 2005, reportées à deux reprises pour des raisons de logistique et de sécurité. Au terme d’une campagne électorale entachée de graves violences, ces scrutins se déroulent sans incident majeur mais avec une faible participation (50 p. 100 seulement). Ils viennent parachever la reconstruction politique du pays aux termes des accords de Bonn conclus en décembre 2001 sous l’égide de l’ONU. Ne se disputant pas sous les couleurs de partis politiques, ils donnent naissance à un Parlement très fragmenté, où dominent les pouvoirs traditionnels moudjahidines et tribaux.

Source Encarta ® 2007.  

 

 


Commentaires